septembre 9, 2024
Peu de gens connaissent les détails exacts de l'aventure controversée d' André Malrauxau Cambodge en 1923. Ce jeune écrivain, bien avant de devenir une figure clé de la culture française, s'est retrouvé au cœur d'un scandale archéologique après avoir tenté de voler des sculptures khmères dans le temple reculé de Banteay Srei. Grâce aux archives historiques, nous avons aujourd'hui une vision plus claire de ce qui s'est réellement passé. Suivez-nous dans ce récit fascinant de vol, de ruines et de rédemption.
Un Temple Isolé, Cible d'une Expédition Audacieuse
À l'époque, Banteay Srei n'était pas le site touristique qu'il est aujourd'hui. Situé à environ 20 km au nord-est d'Angkor, il se trouvait en grande partie écroulé, dissimulé sous la végétation luxuriante de la jungle cambodgienne. Cette impressionnante ruine pré-angkorienne, construite au Xe siècle sous le règne du roi Rajendravarman II, est un chef-d'œuvre d'architecture khmère. Le nom de Banteay Srei signifie littéralement "Citadelle des Femmes", une référence possible aux délicates sculptures féminines ornant ses murs. Toutefois, en 1923, ce temple n'était qu'un amas de pierres pour Malraux et ses compagnons d'expédition. Pour en savoir plus sur l'histoire des temples d'Angkor, consultez les ressources de l’UNESCO..
Construction et Importance du Temple de Banteay Srei
Construit en 967, le temple de Banteay Srei est dédié au dieu hindou Shiva. Il est surtout connu pour la qualité exceptionnelle de ses sculptures sur grès rose, un matériau unique dans la région. Les bas-reliefs détaillés qui ornent ses murs représentent des divinités, des déesses gardiennes (devatas), et des scènes mythologiques de l'épopée du Ramayana. Si aujourd'hui Banteay Srei est un témoignage du raffinement de l'art khmer, à l'époque de Malraux, le temple n'avait pas encore bénéficié des efforts de restauration entrepris par l’École Française d'Extrême-Orient (EFEO)..
L'Intrigue : Le Plan de Malraux
Pour Malraux, la découverte de ce temple caché était une opportunité rêvée. En pleine crise financière après des échecs en bourse, il décide de monter une expédition pour dérober des sculptures et les vendre à des antiquaires européens. Accompagné de sa femme Clara et de son ami Louis Chevasson, il se rend à Banteay Srei en décembre 1923 avec un plan bien précis.
L'équipe passe deux jours dans le temple, armée d'outils rudimentaires. Leur but : scier et extraire plusieurs bas-reliefs finement ciselés, représentant des devatas, ces célèbres divinités féminines qui ornent les façades du temple. Mais si l'opération se déroule presque sans encombre dans la jungle, les choses vont vite s'envenimer à leur retour à Phnom Penh.
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L'Arrestation : Un Scénario de Film
Malraux, Clara, et Chevasson parviennent à extraire les sculptures, mais la situation tourne mal à leur arrivée à Phnom Penh. Grâce à des témoignages de guides et à une surveillance accrue de la police coloniale, les autorités soupçonnent très vite un vol. Les malles transportées par Chevasson sont fouillées, et les bas-reliefs sont découverts. Malraux, pris au piège, nie toute implication directe et accuse son complice. Pourtant, l'évidence est là : les artefacts sont saisis, et les deux hommes sont assignés à résidence, attendant leur procès.
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La Réaction à Paris : Entre Scandale et Défense
L'affaire fait rapidement le tour des cercles intellectuels parisiens. André Breton, chef de file du mouvement surréaliste et proche de Malraux, défend publiquement son ami. Selon Breton, Malraux n'avait pas de mauvaises intentions et pensait même sauver ces sculptures en les emportant loin du Cambodge où, selon lui, elles étaient négligées. "Qui se soucie réellement de la conservation de ces œuvres dans leur pays d'origine ?", interrogeait-il dans la presse française.
Malgré ce soutien, le verdict tombe en 1924 : Malraux est condamné à trois ans de prison pour vol d'antiquités. Cependant, cette peine sera réduite en appel à un an avec sursis, probablement en raison de la pression de l'intelligentsia parisienne. Ironiquement, c'est cet épisode qui va contribuer à forger l'image d'un Malraux aventurier, prêt à défier les lois pour accéder à l'art.
Un Héritage Complexe
Malraux a toujours minimisé cet épisode dans ses mémoires, préférant mettre en avant ses contributions politiques et littéraires. Pourtant, l'affaire de Banteay Srei a laissé une trace indélébile dans l'histoire du patrimoine cambodgien. Si les bas-reliefs volés ont finalement été restitués grâce aux efforts de l’EFEO, cette histoire soulève encore aujourd'hui des questions sur la protection des trésors artistiques des pays colonisés.
Grâce aux travaux de l'archéologue Henri Marchal dans les années 1930, le temple de Banteay Srei a été restauré et les bas-reliefs ont retrouvé leur place d'origine. Pour voir ces incroyables sculptures de vos propres yeux, une visite à Angkor et à Banteay Srei s'impose.
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Le Temple de Banteay Srei : Beauté et Mystère
Aujourd'hui, Banteay Srei est l'un des joyaux incontournables d'Angkor. Son grès rose, unique dans la région, brille au lever et au coucher du soleil, donnant au temple une teinte presque mystique. Les visiteurs sont émerveillés par la finesse des détails des sculptures, des devatas qui semblent prendre vie sur les murs ornés de volutes. Mais derrière cette beauté se cache une histoire complexe, celle d'un vol audacieux qui a failli priver le Cambodge de l'une de ses œuvres d'art les plus précieuses.
Une Construction Majestueuse
L’architecture de Banteay Srei est un témoignage du génie artistique de l'empire khmer. Sa conception repose sur des proportions harmonieuses et une attention minutieuse aux détails. Le temple est constitué de trois enceintes successives, au centre desquelles se trouvent trois tours en brique et en grès finement décorées. Les motifs de feuilles de lotus, de nagas (serpents mythiques), et de dieux hindous comme Shiva et Vishnu sont omniprésents, symbolisant à la fois la dévotion religieuse et l'ingéniosité artistique des Khmers.
Pourquoi Banteay Srei Est-il Unique ?
- Taille réduite mais détails raffinés : Contrairement aux vastes temples comme Angkor Wat, Banteay Srei se distingue par sa petite taille. Cependant, chaque pierre du temple est gravée avec un soin exceptionnel, faisant de ce site un chef-d'œuvre d'art miniature.
- Utilisation de grès rose : Ce matériau, plus tendre et plus rare que le grès gris habituellement utilisé à Angkor, permet une finesse de sculpture qui donne au temple une allure incomparable. Le grès rose capture la lumière différemment, donnant au temple une aura dorée à certaines heures de la journée.
- Une structure dédiée à Shiva : Le temple, bien que petit en taille, est dédié au dieu hindou Shiva, ce qui est souligné par les nombreuses représentations du dieu dansant sur le linteau du gopura oriental. Shiva, maître de la danse cosmique, incarne à la fois la destruction et la création, un thème récurrent dans l'iconographie hindoue du Cambodge.
Conclusion : Leçon d'Histoire et Patrimoine Préservé
L'affaire du vol de Banteay Srei par André Malraux continue de susciter des débats, mais elle a aussi permis de mettre en lumière l'importance de préserver le patrimoine dans les pays colonisés. Heureusement, les bas-reliefs volés ont été restitués, et grâce aux efforts de restauration, Banteay Srei est redevenu l'un des sites archéologiques les plus précieux d'Angkor.
FAQs
1. Pourquoi André Malraux a-t-il tenté de voler des sculptures à Banteay Srei ? Malraux espérait vendre les sculptures à des antiquaires européens pour pallier ses difficultés financières après des pertes en bourse.
2. Quelles ont été les conséquences de son vol ? Malraux a été arrêté et condamné à trois ans de prison, réduits à un an avec sursis en appel. Les sculptures ont été restituées au Cambodge.
3. Comment Banteay Srei a-t-il été restauré ? Les efforts de l'EFEO et de l'archéologue Henri Marchal dans les années 1930 ont permis de restaurer le temple et de replacer les sculptures volées à leur emplacement d'origine.
4. Pourquoi Banteay Srei est-il un temple unique à Angkor ? Son utilisation du grès rose, sa petite taille et ses détails raffinés en font un chef-d'œuvre architectural unique parmi les temples d'Angkor.
